mercredi 8 avril 2015

[ Chronique ] • Le triomphe du singe-araignée • Joyce Carol Oates





Titre : Le triomphe du singe-araignée
Auteur : Joyce Carol Oates
Editeur : Editions Points
Nombre de pages : 128
Genre : Psychologique




Résumé :

Qui est Bobbie Gotteson ? Musicien et meurtrier, paria et vedette, cet "incatalogable" porte le poids d'une identité morcelée, le destin s'acharnant contre lui depuis sa "naissance" dans la consigne d'autobus à New York. Librement inspirée des méfaits de Charles Manson, cette fausse confession met en scène une conscience dynamitée, parasitée par les voix du Dehors, les jurés du tribunal faisant figure de choeur antique dont les tirades rythment le drame de cette vie envahie par la démence, la haine et la pitié. Texte dérangeant et inclassable, qui mêle monologue, dialogues et récit à la troisième personne, Le triomphe du singe-araignée met en dérision la fascination populaire et médiatique qu'éveille la prétendue psychologie du meurtrier, puisqu' "il y a quelque chose dans la Machette qui nous excite tous".


Mon avis


On peut dire que Bobbie n'a pas tiré le bon numéro de la loterie de la vie.


Dans le récit à la première personne, Bobbie Gotteson se présente comme un homme un peu marginal, au centre des moqueries de son entourage, et particulièrement des femmes, sans vraie famille. Il essaie de percer comme musicien, compositeur, acteur. On ne sait exactement ce qui est vrai de ce qui relève de l'imagination. Il laisse entendre qu'il a plusieurs personnalités qu'il contrôle à volonté avec son esprit. Mais on se demande jusqu'où va son, ou ses dédoublements de personnalité, lorsqu'il fait allusion à quelques meurtres.

Bobbie est décrit comme ''un énergumène, faciès de singe et jambes velues". Tous les représentants des différentes institutions lui reprochent de coûter cher à la société, de gaspiller les impôts des braves citoyens américains.
Alors il est coupable, oui, sans aucun doute, de crimes monstrueux, mais il est aussi victime. Cet enfant abandonné à la naissance par sa mère tandis que son père purgeait une peine de prison, Bobbie Gotteson fut retrouvé par la police dans le casier d'une consigne. Confié à plusieurs familles, il atterrit finalement chez Melva où il tient à la fois le rôle de l'amant et celui de père de substitution pour ses 2 fils.

À la suite de longs séjours en prison et de multiples déconvenues artistiques, voilà que Bobbie troque sa guitare contre un autre instrument, une machette dont il se sert pour découper des femmes... Puis les regarde mourir et leur parle jusqu'à la fin.
Bon sang, mais quel bouquin... À peine, 130 pages, mais croyez-moi, c'est bien suffisant pour rentrer dans la tête de celui qui durant tout le roman portera les surnoms de "taré", "monstre", "créature" ou encore "métèque".

Bobbie, c'est le nouveau-né abandonné à son sort dans une consigne, le petit garçon qui devient la risée de ses camarades parce qu'il s'est oublié dans son pantalon, le jeune homme dont les blagues font rire les autres taulards et le charme attire les femmes, le bouffon qui amuse la galerie.
Privé d'amour durant toute sa vie, Bobbie développe une haine envers les femmes, à commencer par la malsaine Melva, sa "mère" d'adoption qui se plaît à débattre avec ses fils du rôle de frère ou de père dont héritera Bobbie.
Le jeune homme se montre volontiers enjôleur auprès des femmes en ne perdant pas de vue que toutes se jouent de lui.

"Le triomphe du singe-araignée" nous plonge et nous aspire dans les méandres d'un cerveau "qui vit de l'autre côté de la santé mentale".

Beau travail de la part de cet auteure, qui a vraiment su rentrer dans le cerveau d'un détraqué et dont l'écriture reste vraiment étrange et fascinante.



Quelques extraits


" Un taré est immortel. Il ne peut être tué que par ses propres manipulations."


" Mon esprit est un filet, avec des trous dedans qui peuvent être tout petits ou très grands; pour filtrer les choses ou les retenir."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire