mardi 20 octobre 2020

[ Chronique ] • Honjok • Francie Healey et Crystal Tai

 


Titre : Honjok
Auteur : Francie Healey et Crystal Tai
Editeur : Editions Leduc.s
Nombre de pages : 160
Genre : Développement personnel


Résumé :


Le terme « Honjok » désigne les personnes qui ont choisi de pratiquer des loisirs solitaires, de profiter de leur indépendance et d’embrasser la solitude. Les Honjok rejettent les valeurs sociales collectives, préférant célébrer l’individu avant la communauté. Ce livre nous fait découvrir ce mode de vie et nous invite à une réflexion sur la beauté de la solitude.


Mon avis

Alerte Coup de Coeur !!


Honjok, prononcé "Hon-jouk" désigne un mode de vie coréen. Hon veut dire seul, et jok signifie tribu. En clair, les Honjok sont des tribus d'une personne.

Et je suis super fière de vous annoncer que je suis une Honjok ! Je remercie du fond du cœur les éditions Leduc pour cette belle découverte.

Grace à cette lecture, j'ai enfin pu poser un nom sur mon besoin de solitude depuis l'enfance. Ce livre a été pour moi une bouffée d'air frais en plus d'être une véritable révélation. 

Je n'ai connu que peu de coup de cœur livresque cette année et cette lecture en fait partie. Sans compter l'apparence physique du livre... Mon Dieu, quelle merveille ! Il faut vraiment le voir pour comprendre.

Honjok, c'est l'art de la solitude. Honjok c'est apprécier le calme et le silence, apprécier de faire des choses seul avec soi-même, apprécier sa propre compagnie, apprendre à se connaître, véritablement.

Honjok c'est entrer en intériorisation avec soi-même pour faire sa propre connaissance.

" Le Honjok est une invitation à savoir qui l'on est en dehors des normes sociales et culturelles établies."

J'entends depuis mon plus jeune âge, par mes proches, que je dois me sociabiliser, apprendre à vivre en "communauté", avec les autres, à sortir, à voir du monde et ne pas rester enfermée chez moi. J'entends parfois dire que la " solitude " n'est pas une vie, que c'est dur à la longue ... 

Mais ... Moi, je n'ai jamais trouvé cela difficile ! Et en tant qu'hypersensible et hypersensorielle, j'ai toujours apprécié ma compagnie, apprécié le calme, apprécié me ressourcer seule et recharger mes batteries.

La façon dont on ressent la solitude dépend de l'idée que l'on s'en fait. Vous pouvez par exemple, être très bien entouré et vous sentir seul au monde, ou à l'inverse être peu entourée et ne pas ressentir cette solitude. C'est l'absence de liens, plutôt que l'absence de personnes qui donne le sentiment de solitude.

Je suis toujours partie du principe que pour être bien avec les autres, il fallait se sentir bien tout seul. Je n'aime pas cette idée de dépendance : avoir besoin de quelqu'un pour aller au restaurant, au cinéma, faire du shopping, etc. ... Je n'ai clairement aucun problème avec le fait de partir seule en vacances, à l'autre bout du onde, ou non, ou encore à aller regarder un film ou à manger au restaurant toute seule. J'apprécie ma propre compagnie et j'en ai longtemps eu honte, de peur de paraître prétentieuse. Alors merci pour cette lecture, car elle m'a permis de lâcher prise sur ceci et de me déculpabiliser.

" L'isolement est la pauvreté de soi, la solitude est la richesse de soi."

Cette lecture explique également les différences entre une personne honjok et entre l'image du solitaire. Elle abordera les thèmes de dépendance, interdépendance et indépendance, ou encore l'introversion et l'extraversion, en s'appuyant sur des phénomènes scientifiques du corps humain. Vous y retrouverez également quelques tests, afin de savoir dans quel cas vous vous situez.

Je pourrai écrire pendant des heures au sujet de ce livre. Honjok vous apprendra à écouter vos émotions, et vos sentiments. Il vous parlera de votre empathie et votre sensibilité. Vous y trouverez aussi des conseils pour mieux-vivre la " solitude " ... Bref, une pépite que je recommande grandement à ceux qui ont peur de la solitude et à ceux qui l'aiment.

Très heureuse de cette superbe découverte.

" Tout ce que j'ai aimé, je l'ai aimé seul. EDGAR ALLAN POE"

mardi 13 octobre 2020

[ Chronique ] • Nouvelle mère • Cécile Doherty-Bigara



Titre
: Nouvelle Mère 
Auteur : Cécile Doherty-Bigara
Nombre de pages : 190
Éditeur : Leduc.s
Genre : Témoignage
 



Résumé :

Que restera-t-il de ces premières années où je suis devenue mère ? Je ne veux pas les oublier. Ces premières années, ces cicatrices dans mon cœur, le début de l’apprentissage. J’étais bien là. Ça s’est vraiment passé. J’aime cette femme, celle qui a traversé tout ça. Elle mérite tout sauf l’oubli. Elle mérite que toutes les lumières soient braquées sur cet exploit. Que tout le monde regarde. Que tout le monde sache.

Mon avis :

Si vous vous attendez à un éloge de la maternité, ce livre n'est pas fait pour vous. Cécile nous dépeint une toute autre vérité des deux premières années de vie de son fils. Sa vérité à elle. Une vérité qu'elle ne veut pas oublier, parce que les mères oublient ... Elles oublient ce qu'elles ont vécu et combien elles ont eu des difficultés les premières années. Cette vérité qui va plaire, mais aussi déplaire, et peut-être même choquer voir agacer. 

Pour être tout à fait franche, je suis passée par toutes ces étapes et je vais vous dire pourquoi ...

Cécile explique d'entrée, que son conjoint et elle, veulent une éducation féministe pour leur enfant. Ils décident donc de partager l'intégralité des taches en deux, hormis l'allaitement, qui n'est bien entendu, pas possible pour le papa. Ils essaient aussi de parler de la charge mentale qui pèse, sur les épaules de chacun et de démontrer également, que non, un enfant n'est pas plus proche de sa mère que de son père, il est simplement proche de celui qui s'occupe de lui et qui le consolera au mieux. Que féliciter un papa qui s'occupe bien de l'enfant n'est pas acceptable. Un papa qui s'occupe de son enfant, c'est normal, c'est aussi sa responsabilité de père. Un homme qui gère la maison n'aide pas sa femme, il participe à l'entretien de son lieu de vie. 

L'auteure démonte au fil du livre, toutes les vieilles croyances et le patriarcat. Elle pointe du doigt toutes ces choses auxquelles une femme doit renoncer lorsqu'elle devient mère, le deuil de sa vie d'avant, le fait de se bloquer le dos à porter son fils pendant des heures. Est-ce ok de se bloquer le dos pour porter son enfant ? Est-ce ok de se priver de tel aliment parce que son fils l'aime, de devoir se faire passer après et se remettre ainsi en question, en se disant que ... Moi aussi, j'ai de la valeur. "Mon fils, tu es important, mais moi aussi, je suis importante ... "
Le sentiment d'être nulle des nouvelles mères, parce que l'enfant n'a pas voulu manger, dormir, être porté, etc. Ces petits morceaux d'elle, qu'elle laisse aux quatre coins de sa maison chaque fois qu'elle vit une situation compliquée.

Elle désigne également ces fausses images que nous renvoie la société. La mère-parfaite, la mère-businesswoman, la mère dont l'enfant est parfait, et toute cette honte et cette tristesse de ne pas faire partie de ces mères-là. Elle nous raconte combien garder une vie sociale fut difficile. Elle qui a mis sa vie en pause pour son enfant, au point de rester enfermée et de ne pas sortir. " De trop arrêter sa vie et disparaître derrière son enfant ... " Est-ce ok de sortir alors qu'on vient à peine d'être mère ? Mais est-ce ok de ne plus rien faire de sa vie parce que l'on vient d'être mère ... ? " Est ce vrai ? Qu'une mère ne peut prouver son amour pour ses enfants qu'en cessant petit à petit d'exister ?"

J'ai eu du mal sur certains passages, qui m'ont mis très très mal à l'aise. Elle reproche clairement à sa famille de ne pas être là pour eux, de ne pas les aider, de ne pas avoir déménagé ... Mais pour moi lorsque tu fais un enfant, tu dois assumer, ce n'est pas à ta famille de gérer ton enfant. Même si je conçois que cela puisse aider et soulager, mais écrit comme cela, j'ai trouvé ça très injuste. Et puis par exemple, elle compare ses doutes, peurs et sa charge mentale avec ceux de son conjoint, et j'ai eu par moments l'impression de lire une étrange manipulation du style - je me sens mal, donc tu dois culpabiliser et te sentir mal toi aussi avec moi - ou - moi, je trouve que c'est dur de vivre en couple, et si pour toi tout glisse et que ça ne l'est pas, c'est que tu n'es pas présent dans l'instant et ne fais pas attention ... - Et, je ne suis absolument pas d'accord avec ça. Chacun vit sa parentalité comme il le peut et en aucun cas le conjoint doit se sentir mal ou coupable, parce que l'autre l'est pour telle ou telle raison. Chacun est en droit de vivre bien sa vie de couple, de trouver son/sa partenaire agréable et de ne pas avoir de difficultés à vivre avec. Par moments, je ne savais plus si je lisais un témoignage de plainte, si la maternité avait rendu notre auteure au bord du burn-out, voir littéralement dépressive. C'est vraiment quelque chose qui m'a dérangé. Autant où je suis d'accord avec beaucoup de sujets qu'elle aborde et où cela amène à réfléchir, autant où passer 200 pages de jérémiades, c'est un peu trop pour moi. N'ayant pas d'enfants, j'ai parfois même eu à l'esprit de ne jamais en faire, tellement son histoire me dégoûtait de la maternité et m'effrayait.

J'ai été également assez déçue de la fin, où elle dit par exemple qu'une nouvelle mère ne mérite par les cheveux gras, l'air négligé ou les restes de repas froid, car il ne faut pas gâcher (je suis ok là-dessus.) mais qu'elle devrait être une reine, adulée, recouverte de miel, vénérée, marchant derrière la poussette fière avec le port altier ... Et quand on sait ce que cela veut dire ... Personnellement, je n'aurai pas envie d'être cette mère arrogante, fière, hautaine et orgueilleuse, sous le principe que je suis une mère. Non vraiment ça me dérangerai de me sentir au-dessus des autres, parce que je suis une mère ... Et je cite ''il n'y a que quand je suis vénérée, que je suis à ma place". Quand on sait que notre auteure est aussi professeure de yoga, je trouve ces paroles complètement contradictoires à cette pratique. Et pour finir dans le registre des flops pour moi, les fins de journées où elle se retrouve au lit avec son conjoint, et se force à avoir une discution avec lui pour savoir comment était sa journée, en écrivant noir sur blanc, que ces conversations ne sont pas nécessairement agréables, mais qu'elles sont nécessaires. Que ce sont juste leurs façades qui se parlent. Un peu tous les jours, afin de rester réels l'un pour l'autre. Et là, j'ai pensé fortement à l'homme qui partage ma vie, et avec qui je discute chaque soir au coucher, et à la peine que ça lui ferait s'il lisait que ces conversations ne sont pas agréables, mais juste nécessaires, afin que l'on ait un semblant de vie ... 

Je suis donc très partagée sur cette lecture. J'ai aimé certaines parties féministes qui nous amènent à réfléchir et repenser le rôle de chacun dans la parentalité. Mais il y a clairement pas mal de petites choses qui m'ont refroidi, et pas tant sur la maternité, mais plutôt l'expression et la façon de penser de l'auteure :(

" La seule chose que je sais, c'est que tant que j'ai cru que notre amour devait être évident, facile, agréable pour moi, j'ai souffert. Notre amour est la sueur sur mon front. Et ça tombe bien, parce que tu m'as rendu sacrément forte."