mercredi 7 septembre 2016

[ Chronique ] • En attendant Bojangles • Olivier Bourdeaut


Titre : En attendant Bojangles
Auteur : Olivier Bourdeaut
 Éditeur : Finitude
Nombre de pages : 160
  Genre : Contemporain


Résumé :

Sous le regard émerveillé de leur fils, ils dansent sur «Mr. Bojangles» de Nina Simone. Leur amour est magique, vertigineux, une fête perpétuelle. Chez eux, il n'y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis.

Celle qui donne le ton, qui mène le bal, c'est la mère, feu follet imprévisible et extravagant. C'est elle qui a adopté le quatrième membre de la famille, Mlle Superfétatoire, un grand oiseau exotique qui déambule dans l'appartement. C'est elle qui n'a de cesse de les entraîner dans un tourbillon de poésie et de chimères.

Un jour, pourtant, elle va trop loin. Et père et fils feront tout pour éviter l'inéluctable, pour que la fête continue, coûte que coûte.

L'amour fou n'a jamais si bien porté son nom.



Mon avis : ♥♥♥

" Le temps d'un cocktail, d'une danse, une femme folle et chapeautée d'ailes, m'avait rendu fou d'elle en m'invitant à partager sa démence."

Ce besoin irrépressible de me plonger dans cette chanson de Nina Simone, "Mr Bojangles" afin de pouvoir écrire cette chronique. Chronique de 160 pages de pure folie, de pur bonheur.

" Tout le temps, il chantonnait, mal. Parfois, il sifflotait, tout aussi mal, mais comme tout ce qui est fait de bons cœur, c'était supportable."

Au début, je l'écoutais avec plaisir. Elle me berçait, vibrait, au fond de mes tripes. Une fois ce roman terminé, c'est avec mélancolie et tristesse que je l'écoute. Elle représente terriblement cette femme-enfant, aux multiples prénoms. Cette femme qui vouvoie tout le monde, son mari, et même son fils, parce que le "vouvoiement est une marque de respect, et que c'est la première barrière de protection que l'on a dans la vie.". "Cette musique était vraiment folle, elle était triste et gaie en même temps, et elle mettait ma mère dans le même état. Elle durait longtemps, mais s’arrêtait toujours trop vite et ma mère s'écriait : " remettons Bojangles" en tapant vivement dans ses mains. Alors il fallait s'emparer du bras pour remettre le diamant sur le bord. Il ne pouvait y avoir qu'un diamant pour donner une musique pareille. "
Parce qu' "en attendant Bojangles" est avant tout une histoire d'amour, de famille, de danse, de rires .. C'est l'histoire d'un petit garçon qui découvre la vie à travers les yeux de ses parents. Ses parents qui passent leur temps à danser sur "Mr Bojangles", à faire la fête, inviter des amis, boire, au point d'en oublier d'ouvrir le courrier, et de finir expulsés de chez eux.
C'est l'histoire d'un couple véritablement amoureux. Un amour fou qui porte bien son nom. Elle est folle de lui, il est fou d'elle, jusqu'à ce que la folie les emporte. Tous les jours, il lui donne un nouveau prénom afin de casser la routine, tous les jours, elle leur cueille des fleurs pour le petit-déjeuner.
C'est l'histoire d'un petit garçon très intelligent qui a bien compris comment fonctionnait la vie. Qui comprend ce qu'essaie de lui dire son père en utilisant des "mensonges à l'endroit" ou des "mensonges à l'envers" ça dépend. L'histoire d'un petit garçon qui pour ne plus se faire disputer par la maîtresse, devient ses "yeux dans le dos" et balance tout ce que font ses petits camarades : " [...] et puis un jour, c'est moi qu'elle a convoqué. Elle a commencé par se demander à voix haute ce que j'aurais fait en 39. Alors, je lui ai répondu en regardant mes chaussures que la question ne se posait pas, que je chaussais du 33 et que si j'avais fait du 39, j'aurais été probablement dans la classe du dessus ou même dans l'école des grands. La maîtresse se posait des questions de vendeuse de chaussures quand elle était contrariée, et je m'étais dit que ce n'était plus seulement la tempête dans ses cheveux, mais aussi dans sa tête."
C'est l'histoire de la folie qui emporte tout sur son passage. " Je vis ma mère sortir nue de la salle de bains, perchée sur des chaussures à talons. Seule la fumée de sa cigarette habillait inégalement son visage par instants. En cherchant ses clés sur le meuble de l'entrée, elle annonça très naturellement à mon père qu'elle partait chercher des huîtres et du muscadet frais pour les invités.
- Mais couvrez-vous, Elsa (prénom du jour), vous allez prendre froid, lui avait-il dit en souriant soucieusement.
- Vous avez complètement raison, Georges, que ferais-je sans vous ! Je vous aime, le savez-vous ? Répondit-elle avant de s'emparer d'une chapka sur le portemanteau. Naturellement."
C'est l'histoire de ce magnifique oiseau caractériel qu'ils ont adopté : Mademoiselle Superfétatoire. " Un jour, ma mère avait souhaité emmener Mademoiselle Superfétatoire en ville faire des courses, pour cela, elle lui avait confectionné une belle laisse en perle, mais Mademoiselle avait eu peur des gens et les gens avaient eu peur de Mademoiselle qui criait comme jamais. Une vieille dame à teckel lui avait même dit que c'était inhumain et dangereux de promener un oiseau en laisse sur le trottoir.
- Des poils, des plumes, quelle différence !
Mademoiselle n'a jamais mordu qui que ce soit, et je la trouve bien plus élégante que votre pâté de poil ! Venez Mademoiselle rentrons chez nous, ces individus sont vraiment trop communs et grossiers !"
C'est l'histoire d'un ami sénateur appelé "L'ordure" qui "pendant les grandes danses nocturnes, il essayait d'embrasser toutes les amies de ma mère. Mon père disait qu'il sautait sur toutes les occasions. Parfois ça marchait, donc il partait sauter les occasions dans sa chambre."
C'est aussi l'histoire d'une fin tragique, "L'opération Liberty Bojangles était le coup de pied au cul de la raison que mon fils s'était proposé d'envoyer. Je ne pouvais pas me résigner à terminer le roman qu'était notre vie sans y ajouter un point final théâtral. Nous devions offrir à notre fils une conclusion à la hauteur de ce qu'avait été la narration, un brouillon fourmillant de surprises, joyeux et gonflé d'affection. Louise(prénom du jour) avait souhaité reprendre à son compte ce stratagème considérant qu'il serait un merveilleux couronnement, que cet enlèvement serait le diadème qu'elle allait déposer sur sa tête, pour devenir la reine des déments. Elle souhaitait épater son fils une dernière fois, tout simplement."
L'histoire d'un petit garçon qui aimait follement ses parents et qui allait devoir apprendre à vivre seul. "J'allais pouvoir répondre à une question que je me posais tout le temps. Comment font les autres enfants pour vivre sans mes parents ?"

C'est l'histoire de 160 pages de folie, d'humour et d'amour. C'est l'histoire d'un coup de cœur pour toujours.



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