mercredi 18 février 2015

[ Chronique ] • Je vous écris dans le noir • Jean-Luc Seigle


Titre :  Je vous écris dans le noir
Auteur : Jean-Luc Seigle
Editeur : Editions Flammarion
Nombre de pages : 233
Genre : Roman Biographique


" " L'élégance est une civilisation", m'avait toujours dit ma mère. Ce qui gênait mes accusateurs, c'est que ne n'avais pas l'allure de mon crime "


Résumé :

1961. Après avoir vu La Vérité de Clouzot, inspiré de sa vie et dans lequel Brigitte Bardot incarne son rôle de meurtrière, Pauline Dubuisson fuit la France et s'exile au Maroc sous un faux nom. Lorsque Jean la demande en mariage, il ne sait rien de son passé. Il ne sait pas non plus que le destin oblige Pauline à revivre la même situation qui, dix ans plus tôt, l'avait conduite au crime. Choisira-t-elle de se taire ou de dire la vérité ? Jean-Luc Seigle signe un roman à la première personne où résonnent les silences, les rêves et les souffrances d'une femme condamnée à mort à trois reprises par les hommes de son temps.

Mon avis

C'est l'histoire de Pauline Dubuisson, issue d'une bonne famille de Dunkerque. Enfant pendant la Première Guerre mondiale et adolescente pendant la deuxième. Son rêve : devenir médecin et elle en a vraiment l'étoffe et les capacités.

Elle se retrouve exclue à 14 ans de l'école, pour avoir été vue, en pleine occupation, au bras d'un marin allemand. La guerre aura fait des ravages au sein de cette famille, deux de ses trois frères vont mourir, le troisième secondera leur père dans son entreprise de travaux publics. Et sa mère perdra goût à la vie, à la cuisine qui est pourtant sa passion, et passera son temps enfermée à pleurer ses deux fils morts.


Afin de redonner le goût de la vie à sa femme, André Dubuisson, envoie sa fille, Pauline travailler en tant qu'infirmière pour un médecin allemand, Von Dominik. Elle sera payée en riches victuailles et pourra ainsi nourrir sa famille et redonner l'envie de vivre à sa mère. Elle deviendra pendant un an la maîtresse de cette homme marié et ALLEMAND.

Cette relation lui vaut à la Libération d'être conduite avec d'autres femmes en place publique, où elles seront tondues, déshabillées et couvertes de croix gammées. Elle sera alors violée par plus d'une dizaine de résistants avant que son père ne vienne la sortir de ce calvaire.

En 1947, elle entamera des études à la faculté de médecine de Lille où elle rencontre Félix Bailly. Très amoureux l'un de l'autre, Félix la demande en mariage, ce qu'elle refusera. Il décidera alors de la quitter.
Un an, plus tard, en 1950, elle retentera de reconquérir cet homme qu'elle aime. C'est là que toute sa vie basculera. Pourquoi a-t-elle tué l'homme qu'elle aimait plus que tout ? Que faisait-elle avec un revolver dans sa poche ? Que c'est-il vraiment passé entre les deux amoureux ? Pourquoi son père avec qui elle partageait tout et pour qui elle avait tant de respect, se suicidera de honte, de ce que sa fille avait fait ?

Pauline sera jugée, après trois tentatives de suicide loupées, à la perpétuité. Elle fut libérée pour bonne conduite au bout de seulement neuf ans (comme elle le dit "J'y suis rentrée à vingt ans et sortie à trente ") et décidera de reprendre ses études en médecine jusqu'à ce qu'elle aille au cinéma voir le film " La vérité" de Henri-Georges Clouzot, inspiré de sa propre vie et du crime qu'elle a commis et où Brigitte Bardot y tient le rôle principal.

Ne supportant pas ce film, elle décide de s'expatrier au Maroc, dans la ville d'Essaouira, où elle recommencera à vivre. Elle y rencontre Jean, un ingénieur pétrolier, qui lui propose lui aussi le mariage. Qu'elle sera alors sa réaction ? Lui dira-t-elle la vérité ? Comment réagira-t-il ? Que se passera-t-il ensuite ?

Pour résumé, ce roman est un véritable coup de cœur, c'est l'histoire bouleversante et poignante, d'une femme détruite, souillée, meurtrie et condamnée trois fois à mourir.


Quelques extraits du livre :

" Pour la seconde fois de ma vie, je me retrouve dans la même situation : devoir dire la vérité sur mon passé à un homme qui veut m'épouser. À Félix, j'avais dû révéler que j'avais été tondue à la Libération ; à Jean, je dois dire que j'ai été condamnée pour le meurtre de Félix. "


- Maître Floriot, avocat de la partie civile : " Alors si je comprends bien, Mademoiselle Dubuisson, vous ratez tous vos suicides et vous ne réussissez que vos meurtres !"


" Ma vie n'était plus qu'un cadavre que les experts ; les psychiatres, les témoins, les avocats et les juges manipulaient comme s'ils pratiquaient une autopsie, à la différence que les médecins légistes gardent envers le mort une sincère considération, pouvant même s'adresser à lui avec déférence. "


" Mon père avait la clé de la porte par laquelle je pouvais m'en aller et je compris bien qu'il ne me la remettrait qu'une fois ma dette payée. Dire que ce n'est que maintenant, des années plus tard, à un millier de kilomètres de sa tombe, que je peux enfin l'arracher d'entre ses os et la lui reprendre."


" C'étaient les mots que je voulais tuer, les mots qui salissent et qui blessent. "




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