lundi 6 septembre 2021

[ Chronique ] • Viande à viol • Marine Peyrard




Titre : Viande à viol
Auteur : Marine Peyrard
Genre : Recueil autobiographique
Nombre de pages : 176
Editeur : Frison-Roche Belles-Lettres

 


Résumé :

Un recueil bouleversant sur l’expérience traumatique du viol et son après.
Une année, du 9 septembre au 9 septembre, à tenter de comprendre et de qualifier ce qu’elle a subi. De passer de coupable à victime, du statut de « celle qui ne dit mot consent » à celui de poupée de chiffon, tétanisée par la stupeur. Une année pour comprendre que l’on croit connaître l’autre, une année pour sortir de sa caverne intérieure. Marine Peyrard enchaîne les formes libres pour parler avec une grande justesse de la guerre que se livrent ses sentiments contradictoires en son corps usé, qui s’érige comme un rempart. Échange épistolaire contemporain, monologue intérieur, libération de la parole des autres comme miroir de sa propre souffrance… Le récit de
cette belle au bois dormant nous touche en ce qu’il lève le voile sur les acceptations quotidiennes, sur les petites résignations qui, piqûre après piqûre, vrillent un peu plus chaque jour la chair et l’âme.


Mon avis :


Il y a des lectures qui vous parlent, vous brisent, vous retournent, vous marquent le cœur au fer rouge. Et puis ce dernier se décroche et s'éclate au sol dans un fracas de larmes. Ne me secouez pas trop, je ne tiens qu'à une larme...


Viande à viol, récit autobiographique sur le viol, et l'après.  comment se sentir vivante dans un corps de morte, ou peut-être bien l'inverse...

Sur ce que les autres appellent " ça ", par honte, gêne ou peut-être pudeur.

Comment accepter que l'être qu'on a tant aimé a été à ce point capable de nous détruire et de nous briser. Comment vivre le deuil de ce que l'on a été et de ce que l'on ne sera plus jamais ? De ce corps qui a été détruit pour quelques minutes de plaisir non-mutuel, non consentit.
Comment continuer à vivre alors que dedans tout est mort et vide ?
Bouleversant témoignage qui me fait tellement écho.


" Parfois,
mon reflet me chuchote.

Tu es tellement habituée
au goût de la souffrance 
que tu paniques
dès que la vie commence
à te laisser entrevoir une autre saveur

Fais gaffe, 
tu es tombée amoureuse
de ta douleur."


C'est dur d'être une femme, putain t'as pas idée à quel point c'est dur, ça fait peur, c'est dangereux. Et à quel point la société laisse la peur régner. La culture du viol est partout. Alors nous n'avons d'autres choix que d'être fortes, d'être puissantes, ensemble. Soyons toutes des guerrières, des lionnes, celles qui mordront les premières. Et si nous ne faisions qu'une ? Pour nos mères qui ont déjà vécu, nos sœurs, et nos filles un jour... Un jour, il y aura le courage de parler, pour toutes celles qui n'y arrivent pas. Un jour ...


" Je ne pensais pas que c'était si du d'être une femme.


Je voulais lui répondre
que la vie à travers nos yeux
est un film d'horreur
que nous savons faire
des poings américains 
avec nos clefs
marcher silencieusement
pour vérifier 
les souffles derrière nous
changer de trottoir 
en sentant
des pas collés aux nôtres.

Survivre.

Nous sommes très fortes à survivre."

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