Titre : La promesse du chant des grillons
Auteur : Agnès Janin
Editeur : Editions Bibliocratie
Nombre de pages : 290
Genre : Roman Contemporain
Résumé :
"Ils se rapprochèrent encore pour partager le point de vue sur l'écran de l'appareil photo. Elle sentit sa chaleur dans la fraîcheur de la nuit. Et sa voix, de plus près, prenait une tonalité légèrement différente, un peu plus grave avec une pointe d'éraillement. "Voilà, regardez, je les découvre avec vous... Et je les aime beaucoup. L'ambiance est un peu angoissante mais l'image me plaît. Et vous y êtes belle, d'une beauté un peu fantasmagorique. Un halo pâle mais entêtant qui se promène dans la nuit. La sirène appelant les marins de son chant."
Mon avis : ♥♥♥
C'est une
chronique un peu particulière que je vais vous présenter aujourd'hui.
Il y a une semaine, une auteure m'a contacté sur
ma page Facebook, afin que je lise son livre et lui fasse un peu de
"pub" sur ma page et mon blog. J'ai
trouvé l'idée excellente et me suis donc lancée dans cette aventure.
Cette chronique se fera en deux parties. La première, ce sera sur l'histoire du
livre et mon avis, et la seconde partie, sera une interview que l'auteure : Agnès Janin, m'a gentiment accordée.
Tout d'abord, pour synthétiser l'histoire,
je vais utiliser le résumé que m'en a fait Agnès Janin, car, qui d'autre
que l'auteur même pour analyser le mieux un livre ?
« Un village de campagne. Une femme qui y a élu domicile il y a quelques années pour se sauver d'elle-même. Un homme fraîchement arrivé qui veut laisser derrière lui une vie fastueuse, mais qui l'indiffère. Leurs chemins vont s'entremêler pendant une semaine sans jamais se croiser vraiment. Jusqu'à la rencontre. Leurs joies, leurs doutes, leurs peurs, leurs habitudes, tout ce qui fait leur quotidien et leurs grands rêves. Leurs rencontres, leurs relations avec tous ces autres qui les touchent et les bousculent. La façon dont eux deux vont pouvoir tracer leur chemin l'un vers l'autre. Voilà ce que ce livre renferme. »
Je rajouterai donc certains éléments. Une jeune femme renfermée sur elle-même, sûrement blessée et meurtrie par un passé douloureux, solitaire par choix, mais je dirais plutôt qu'elle se force à l'être. Un homme qui fuit sa vie parisienne pour trouver le calme et le repos, se ressourcer et se recentrer sur lui-même. Un petit village plus que chaleureux, mais avec quelques secrets. Un cadre bien particulier, des agriculteurs, des paysages à couper le souffle. C'est vraiment LE roman de l'hiver.
Il pense à elle, elle pense à lui. Ils ne se connaissent pas et ne se sont encore jamais rencontrés, mais il se voit rêver d'elle, et, elle est obsédée par lui...
J'ai vraiment été curieuse, à chaque fois, j'ai voulu en savoir plus. "Juste une page" je me disais, puis finalement, j'ai dévoré. Il y a également eu des passages où j'ai stressé pour les personnages, le suspense était présent, puis d'autres fois, je me suis vue dans cette jeune femme solitaire, et j'aurais aimé moi aussi vivre les moments qu'elle partage avec les habitants de son village. Les personnages sont terriblement attachants ainsi que les lieux. J'ai vraiment eu, d'une part, beaucoup de mal à lâcher ce roman, et d'autre part à le terminer... Je ne voulais vraiment pas que l'histoire s'arrête, elle aurait pu continuer mille pages encore, cela ne m'aurais pas dérangé.
Le roman est assez simple dans le fond et il glisse tout seul, mais l'ambiance y est tellement chaude et chaleureuse que l'on souhaiterait rester dedans sans cesse, et c'est ça qui le différencie des autres romans et fait qu'il soit vraiment unique.
J'ai apprécié la présentation des chapitres, d'abord
"elle" en précisant le jour puis "lui" puis
"elle"... On les suit
chacun de leurs côtés, mais le dernier chapitre nous réserve biens des surprises.
Quant au final, il est juste parfait !!!
Pour un premier livre, je trouve qu'Agnès Janin s'en est très bien sortie et j'ai l'espoir qu'elle en publie un autre. Le seul point qui m'a gêné, c'est que "lui" n'ai pas de prénom, et "elle" non plus. Tous les autres personnages du livre ont un prénom sauf les deux principaux et cela m'a vraiment déstabilisé.
Quelques extraits :
" Elle ferma les yeux, assaillie. Et elle perdit pied. Elle était dans l'océan, l'eau salée dans sa bouche, tourneboulée par les vagues, un coup sous l'eau raclant le fond, le sable, un coup à la surface portée par un rouleau. Puis elle replongeait puis ... Si elle se noyait tant pis. "
" On entendait les grillons et ça, ça la faisait encore rêver. La promesse du chant des grillons. Ne rêver à rien de précis, c'était juste doux. Doux et prometteur. La vie pouvait avoir cette douceur de miel qui coule dans la bouche."
L'interview avec l'auteure :
Agnès Janin
Libébook : Bonjour Agnès, tout
d'abord, pouvez-vous nous parler un peu de vous ?
Agnès Janin : J'ai 33 ans, j'ai toujours été
lectrice assidue et émerveillée et j'ai commencé à écrire au tout début de
l'adolescence de la poésie, des nouvelles (nourrie par des petits concours de
collégiens et des professeurs bienveillants), puis des bouts de romans plus ou
moins achevés. J'ai continué à l'âge adulte jusqu'au début de mon doctorat en
biologie/écologie (je travaillais sur les crapauds … et sur leurs déplacements
dans le paysage) qui ne m'a plus laissé guère de temps pendant 5 ans. Puis à la
fin de cette aventure, l'envie d'écrire est revenue comme une évidence,
massive, exigeante. Et ce roman, ainsi que d'autres écrits variés, ont vu le
jour. Je suis toujours animée par cette même flamme, je l'alimente et continue
d'écrire. J'ai aujourd'hui deux petits garçons dont j'ai choisi de m'occuper
tout en me consacrant à l'écriture, à la photographie.
Libébook : Comment est née
l'idée de se roman ? Aviez-vous l'idée finale de l'histoire ou le roman s'est
construit peu à peu au fur et à mesure que vous l'écriviez ?
Agnès Janin : Les
toutes premières pages ont vu le jour dans un train me ramenant chez moi. Un
moment de doute, un moment de questionnement sur ce qu’est la vie, vers où elle
va, sur les chemins qu’elle nous fait emprunter, sur l’équilibre entre se
laisser porter, se battre et accueillir ce qu’il advient. J’avais envie de
prendre un élan, de laisser s’échapper toutes ces émotions qui m’assaillaient,
les premières pages sont nées là. Puis sont restées sans suite presque deux ans
durant ! Un après-midi, je savais que j’allais ré-ouvrir le carnet et que
les mots couleraient limpides. Ce fut le cas. Quand je me suis replongée dans
cette écriture, j’avais, disons, le début et la fin. Deux protagonistes qui
finissent par se rencontrer. J’avais dans la tête leur caractère, leurs manies,
leurs failles et leur ligne de défense. Mais pas le reste. Et de jour en jour,
tout prenait forme, les idées naissaient, s’assemblaient de façon assez
naturelle et j’aimais voir la tension monter puis redescendre. J’avais envie de
focaliser sur cet « avant » la rencontre qui est un moment suspendu
tellement intense, ce moment où l’on rêve de l’autre, ce face à face avec
nous-mêmes mais dans lequel l’autre envahit tout l’espace. J’avais également
très envie de laisser la place à toutes sortes de belles rencontres dans le
livre. Celles que l’on peut faire quand on accepte de baisser un peu la garde.
Ces rencontres précieuses qui éclairent une vie pour très longtemps ou pour un
petit bout de chemin. Tout au long de l’écriture, j’ai pris garde au suspense
car cela transfigure à mon sens très bien ce que l’on ressent dans un état de
tension amoureuse naissante.
Libébook : Est-ce des gens de
votre entourage qui ont inspiré vos personnages ? Et pour les lieux ?
Agnès Janin : C’est une très belle question. A la
fois très simple et très complexe ! Tout d’abord, je crois que j’ai pu
mettre un peu de moi dans chacun des personnages, comme un portait en
kaléidoscope, et pas forcément là où l’on s’y attend le plus … C’est un
sentiment très grisant, de se livrer très en profondeur mais de façon très
camouflée au final. Ensuite, je crois qu’il y a évidemment beaucoup de traces
des gens qui m’entourent dans ce roman. Mais là encore, de façon détournée,
parce que j’aime brouiller ces pistes-là. C’est un grand jeu de décomposition –
recomposition à partir de la réalité mais arrosé de toute l’attention que je
peux porter aux gens. Je raffole des « personnages de la vie », je
trouve cela terriblement romanesque ! Cette chaleur dans le roman dont
vous parlez si bien dans votre chronique, celle-là est effectivement bien tirée
de tous ces êtres que j’aime, ceux que la vie m’a donné l’opportunité de
rencontrer, de côtoyer quelques heures ou depuis tant d’années !
Pour les lieux, il en est presque
de même ! Les lieux que je décris éclosent souvent à partir d’un lieu réel
mais ils ne correspondent pas exactement à ce que mes yeux en ont vu. Ils sont
aussi la synthèse des émotions (souvent intenses) qui sont nées de petits riens
sur ces lieux et qui en ont fait des Grands Lieux, magistraux. Il y a parmi ces
points de départ des lieux de mon enfance, des lieux croisés lors de mes
petites pérégrinations à droite à gauche et des lieux explorés pendant ma thèse
sur mon terrain, que je visitais de nuit (pour trouver les amphibiens sur
l’habitat desquels je travaillais) avant de les retrouver de jour quelques
semaines plus tard, chargés d’une poésie forte.
Libébook : On ne sait pas pourquoi cette femme est si
meurtrie, si blessée à l'intérieur d'elle-même et si en colère, ni ce que
contient le fameux carton de photos, et pourquoi elle ne l'ouvre pas et le
boude. Pourquoi avoir créé un tel
personnage sans nous dévoiler son passé et nous laisser sans réponses une fois
le roman fini ?
Agnès Janin : Pour moi,
l’héroïne se protège beaucoup. Elle a toujours beaucoup espéré mais ose peu de
peur d’être déçue. Elle préfère s’abreuver d’illusions, de ses constructions
mentales. Au fond, j’ai l’impression que peu importe son passé, ce qui a signé
un tournant dans sa vie, c’est qu’elle a fermé la porte à un moment donné,
qu’elle a choisi de se murer et de se tenir cloîtrée à l’intérieur, d’arrêter
de prendre des risques. J’avais pour ma part très peur de figer les choses en
donnant des raisons, des sources précises au malaise qui l’habite. Selon les
chemins pris, nous pourrions tous être « Elle ». Ce n’est pas un
hasard si elle redescend ce carton de photos à ce moment de sa vie. Elle voit
bien qu’elle n’en peut plus de ses faux-semblants et que la porte est restée
close trop longtemps. Alors elle franchit la première étape, elle replace dans
sa vie de tous les jours ce carton qui contient cette image d’elle-même plus
jeune, petite fille qu’elle a voulu fuir, reléguer au fond d’un placard. Oui
mais voilà, elle s’aperçoit qu’elle en a besoin au fond, notamment pour
avancer. Ce besoin se fait criant mais la peur de la confrontation avec cette
« fille » qu’elle a été, qu’elle n’est plus, dont elle garde une
trace forcément déformée dans sa mémoire, est encore trop forte. Elle garde le
carton présent mais ne le déballe pas. C’est Lui qui se penchera sur cette
jeune fille, cette petite fille qu’elle a été, qui en sera curieux et qui
provoquera le face à face entre le Elle présent et le Elle passé. Cela reste
douloureux pour elle, cela force au deuil de ce qui n’est plus, de l’enfance,
des espoirs finalement déçus, de cette partie de vie qui a déjà coulé. Rien
d’exceptionnellement terrible, si ce n’est ce que la vie peut avoir
d’implacable. C’est sans doute terrible pour le lecteur, de ne pas avoir de
réponse … Il est tellement logique que l’on ait envie de savoir ! Et
pourtant, j’avais envie de ne pas l’emmurer dans des causes factuelles à son
mal-être. Cette question face au risque de l’existence, face au risque des
rencontres, d’aller se frotter aux autres est universelle quel que soit notre
parcours de vie, je voulais que chacun puisse se l’approprier. On pourrait
imaginer plein de sources à son malaise : un parent qui s’en va trop tôt
(intentionnellement ou pas), un amour de jeunesse marquant mais destructeur,
mais aussi une vie maussade dans la réalité alors qu’elle avait des rêves fous
qui la portaient plus jeune, une grande carrière fracassée par un accident, une
amitié qui s’est muée en une relation ravageuse, … Et tellement d’autres
possibilités encore ! Pour ma part, j’ai une petite idée … Peut-être un jour la livrerais-je en
exclusivité ? Mais je serais très heureuse, vraiment, de savoir ce que les
lecteurs, eux, imaginent ! Ils peuvent me l’écrire s’ils le souhaitent, je
leur répondrai avec joie.
Agnès Janin : Le "Il" et le
"Elle" est longtemps resté en débat pour moi. Mais ils étaient
tellement eux qu'à chaque fois que j'essayais de les nommer, je trouvais que ça
sonnait faux, que cela les déguisait. J'ai conscience que cela rend peut-être
la lecture un peu moins fluide. Mais au
fond, cela relevait d’une vraie impossibilité à les nommer. J'espère que comme
cela, on peut devenir tour à tour "Elle" ou "Il" plus facilement,
que l'on évite la "charge" inconsciente
du prénom. Mon envie, comme pour le passé de ces deux êtres qui reste
mystérieux, était de les laisser affranchis, à de leur offrir une certaine
liberté. Et que le lecteur ait l’opportunité de s’en saisir. Je conviens que
l’exercice est délicat et c’est à mon travail d’auteur de rendre cette prise de
liberté possible, j’espère qu’il y parvient un peu …
Libébook : Comment doit-on procéder pour lire votre livre, et pour se le procurer ?
Agnès Janin : Il est
encore possible pendant quelques jours (jusqu’au 8 mars) de l’acquérir en
format papier au lien suivant : http://www.bibliocratie.com/produit/la-promesse-du-chant-des-grillons/.
Bibliocratie est une plateforme d’édition basée sur la souscription par les
lecteurs. Pour qu’un livre voit le jour, il faut que 50 exemplaires aient été
souscrits. C’est le cas pour « La promesse du chant des grillons » :
si vous souhaitez souscrire, vous aurez donc le livre entre vos mains dans
quelques semaines. A la fin de cette souscription, j’en ouvrirai
vraisemblablement une autre (mais il faudra de nouveau atteindre les 50
exemplaires) et mettrai le livre en vente également au format numérique. Tout
cela sera régulièrement mis à jour sur ma page Facebook (https://www.facebook.com/pages/Agn%C3%A8s-Janin/918728718139209).
Si vous souhaitez vous porter acquéreur du livre à coup sûr et en format
papier, foncez maintenant ! Et si vous foncez maintenant,
demandez-moi une dédicace !
Libébook : Dernière question Agnès, un prochain roman de prévu ? Parce que moi, j'aimerais beaucoup vous lire à nouveau !!
Agnès Janin : Ca me touche beaucoup que des lecteurs en redemandent ! C’est magique, j’en suis très heureuse. Plusieurs choses ont déjà vu le jour. Un livre un peu particulier regroupant 15 duos texte/photo autour du thème de la filiation. Un extrait en avant-première est disponible sur ma page Facebook (https://www.facebook.com/918728718139209/photos/a.937556159589798.1073741829.918728718139209/937555426256538/?type=1&theater). Je suis à la recherche d’un éditeur pour ce livre à la fois très personnel et très universel.
Je suis également en train de terminer un recueil de nouvelles (je travaille à la dernière) sur le thème des amours inachevées (je vous livre le thème en avant-première …). Je l’enverrai ensuite vers le circuit classique des éditeurs mais n’exclus pas de re-travailler avec Bibliocratie.
Libébook : Merci pour cette belle expérience et cette
aventure très agréable et je vous souhaite une belle continuation.
Agnès Janin : Merci à vous pour ce beau
partage ! Il est très agréable de croiser la route de personnes curieuses,
disponibles, bienveillantes, enthousiastes … A bientôt !