jeudi 29 novembre 2018

[ Chronique ] • Ecoute-moi bien • Nathalie Rykiel



Titre : Ecoute-moi bien
Auteur : Nathalie Rykiel
Nombre de pages : 157
Genre : Biographie, Mémoires
Edition : Le livre de poche


" Il faut avoir une musique en soi pour faire danser le monde. La musique est là,  Viens ma mère-veille ma légende mon enfant mon amour, viens maman, mets tes talons les plus hauts, tes chaussures les plus rouges, viens, on dansera maintenant ... "


Résumé :


« Je souris, j’y pense, tu te voyais peut-être l’héroïne de mon roman, le roman de ma vie…
En voici une version. C’est ton cadeau. Mais je n’ai pas dit mon dernier mot maman. On partage. Mon sujet ce n’est pas toi, c’est nous. Nous deux. »



Mon avis :



" Dis, moi non plus je ne sais pas, à combien de mois d'années d'heures de la mort sommes-nous maman ? Je voudrais savoir. De la vie, on sait. Mais de la mort - à combien de temps de la mort sommes-nous ? Que nous reste-t-il, que nous reste-t-il ensemble ? Ca fera mal, après. Je voudrais me préparer, me protéger, mettre quelque chose autour de nous, si je pouvais au moins mettre quelque chose autour de moi ... "



Un grand Monsieur que j’affectionne particulièrement a dit un jour qu'il n'y avait aucun chagrin qu'un livre ne puisse guérir, alors oui, je suis d'accord ! Parfois, on se retrouve un beau matin, en se posant un milliard de questions sur sa vie, ses projets professionnels, ses ambitions, ses envies de foutre le camp et changer de pays, puis on traîne sa nostalgie comme un boulet de canon tout au long de la journée... Et ce jour-là, j'ai traîne mon boulet jusque devant ma bibliothèque et j'ai attrapé le premier livre qui était susceptible de me faire envie parmi ma loooooongue liste de livres à lire.

Sans percuter dans un premier temps sur le nom de l'auteur, j'ai commencé à lire, sans m'arrêter, j'ai aimé ce que j'ai lu, tellement aimé. Cet amour d'une fille pour sa mère qui devient la propre mère de la sienne d'ailleurs, et puis j'ai compris ... J'ai compris qu'il s'agissait de Sonia Rykiel, créatrice Haute Couture, j'ai compris que dans la vie le hasard n'existait pas, et j'ai surtout compris que le choix de ce livre au pif, était la réponse à mes questions. Merci fabuleux "hasard".



Nathalie Rykiel se livre sur l’avant, le maintenant et l’après, sur les coulisses de leur relation, cette relation envahissante qui ne laisse pas beaucoup de place, pas beaucoup d’air. « Ma mère, c’était mon enfant, elle m’appelait maman ».



C'est un ode à l'amour, un amour puissant entre une fille et sa mère. Une mère battante et indépendante, une mère égoïste et pourtant si généreuse, qui a fait tourné la tête de plus d'un homme, une femme avant d'être mère, mais aussi l'histoire d'une femme que la maladie a emporté il y a deux ans. Une mère caractérielle qui n'en faisait qu'à sa tête. Une fille aimante, une fille qui devient mère et une mère qui devient fille. C'est l'histoire de la mode, l'histoire d'un couple mère-fille. L’histoire du lien très fort qui les unit et les sépare aussi. Elles s’appellent tous les jours, déjeunent ensemble, habitent dans le même immeuble, juste au-dessus l’une de l’autre. Jamais loin l'une de l'autre, jamais ...


" Je t’ai donné tout mon amour et j’ai pris tout le tien. "


La plume est simple, légère, sans encombre, pas de ponctuations inutiles, les mots sont posés là, tel quel, à l'état brut ..

On dévore avec amour, plaisir et curiosité la vie de cette femme, sans pour autant se sentir voyeuriste. J'ai aimé l'écho que ce livre a fait en moi, j'ai aimé la multitude de sentiments que j'ai ressentie, j'ai aimé la douceur et la tristesse qu'il dégage, j'ai aimé ce que j'ai lu, j'ai aimé ce qu'il m'a apporté ..



" Aujourd'hui, je ne suis qu'orpheline et je me sens veuve, encore pleine de toi. Il me manque aussi ce mot, ce mot qui fait défaut à notre langue, peut-être parce que cette douleur est au-delà de l'énonçable, celle d'une mère qui perd son enfant.


J'ai perdu ma mère ma moitié ma crème et ma frayeur , ma beauté et ma douleur. Avec toi j'ai vécu le plus beau, j'ai connu le plus dur. "


Le mot de la fin ? Utsuroï



Ma note : 17/20


mardi 27 novembre 2018

[ Chronique ] • Les mille et une vies des Urgences • Baptiste Beaulieu et Dominique Mermoux




Titre : Les mille et une vies des urgences
Auteurs : Baptiste Beaulieu et Dominique Mermoux
Nombre de planches : 228
Éditeur : Rue de Sèvres
Genre : Bande Dessinée


Résumé

Baptiste est interne dans un service d' urgence. Celle qu'il surnomme la femme oiseau de feu voit ses jours comptés alors que son fils est coincé en Islande par un volcan au nom imprononçable. Baptiste n'a plus qu'un but, aider sa protégée à tenir jusqu'au retour de son fils. Pendant 7 sept jours, les journées du jeune interne sont rythmées par les moments qu'il passe à son chevet, à lui raconter toutes les vies de l'hôpital : les joies et peines des patients, les farfelus, les plus touchants, mais aussi la vie des internes et des infirmiers, leurs routines, leurs découragements, leurs amours parfois. Un témoignage rare et incroyablement touchant sur la terre méconnue mais essentielle que sont les urgences. Incontournable.


Mon avis :


J'ai acheté cette bande-dessinée, il y a un peu moins d'un an, et elle faisait partie des nombreux trésors de ma pile à lire.


C'est un peu par hasard (Ou pas ... Car finalement, "il n'y a pas de hasard, que des rendez-vous", disait Paul Eluard... ) que je suis donc tombée dessus et j'ai alors décidé de me replonger dans les mille et une vies des urgences.


Je crois que je pourrais acheter cette histoire en 1 000 exemplaires et sous tous les formats qui existe tellement je l'aime. J'ai pris un réel plaisir à retrouver Baptiste, et ses personnages tels que pocahontas, miss frottis ou encore le chef viking.


Les dessins sont simples mais réalistes, et Dominique Mermoux, a reproduit à la perfection le roman de Baptiste Beaulieu. Tout y est, les sentiments, les personnages, les émotions, les phrases drôles et marquantes.


Je recommande cette belle bande-dessinée, pleine d'humanité, évoquant les liens soignants/soignés, les drôleries, mais aussi les tristesses du métier.


Alors voilà, Baptiste reste l'un de mes auteurs chouchou, et je me réjouis de le suivre depuis le début, et surtout, d'avoir le même âge que lui, ce qui veut dire, que j'ai encore un milliard de choses à découvrir de cet homme extraordinaire. Merci à lui de nous faire beaucoup de bien à travers ses écrits.


Je vous retrouverai bientôt sur la chronique de son dernier livre, que j'ai forcément acheté sans grande résistance.



Mon avis sur la version roman ici

Ma note : 20/20







lundi 26 novembre 2018

[ Chronique ] • Les carnets de Cerise et Valentin • Joris Chamblain et Aurélie Neyret



Titre : Les carnets de Cerise et Valentin (HS1)
Auteur : Joris Chamblain & Aurélie Neyret
Editeur : Editions Soleil (Métamorphose)
Nombre de planches: 56
Genre : Bande-Dessinée


Résumé :


Premier album spin-off des Carnets de Cerise, Les Carnets de Cerise et Valentin propose une histoire à deux niveaux de lecture autour de la peur de l’inconnu.

Valentin – tout comme Cerise, sa maman et le papa de Valentin – s’apprête à partir pour un long voyage autour du monde. Mais il n’a que sept ans et ce voyage lui fait un peu peur.
Pour tenter d’apaiser cette angoisse, Cerise et lui ont imaginé une histoire d’extraterrestres : dans la nuit du 18 août, Toloh-Tim a atterri dans le jardin. Il veut fuir une mission spéciale qu’il devait accomplir. Mais laquelle ? C’est ce que les agents spéciaux Cerise et Valentin devront découvrir.



Mon avis :

Aoutch ! Parfois, il faut savoir s’arrêter à temps ... Je suis tombée de haut. Quelle déception dans cette série que j'ai toujours aimée.

Pour ceux qui me suivent depuis 4 ans déjà, vous devez savoir à quel point, les carnets de cerise, c'est LA bande-dessinée que j'affectionne tout particulièrement. Alors imaginez ma joie, quand j'ai su qu'il y aurait un tome supplémentaire alors que l'auteur avait décidé qu'il arrêterait après le tome 5. 

Et bien, je suis hyper déçue. Cerise n'est plus tellement présente dans ce tome, les merveilleuses planches de dessin non plus, à la place, Valentin, le fils du compagnon de la maman de cerise, et des pages de carnets. De nombreuses pages du carnet de cerise. Voilà.

Il reste néanmoins cette petite morale qui a toujours été présente dans les carnets de cerise, mais je reste tout de même déçue.

Comme un pressentiment que le nombre de planches s'est amoindri par rapport aux autres tomes. Je l'ai vite lu, et vite oublié.

Comme un sentiment de travail bâclé. Je suis restée sur ma faim avec ce petit goût d'amertume. Une impression que ce tome est créé comme ça un peu au hasard, pour continuer à faire vivre cerise, mais le cœur n'y est plus. Alors oui, parfois, il vaut mieux s’arrêter et laisser les gens tristes d'une belle fin, plutôt que les décevoir avec un tome qui n'est pas à la hauteur des cinq autres.


Ma note : 13/20

vendredi 2 novembre 2018

[ Chronique ] • L'étrange univers du schizophrène • Sophie Chrizen


Titre :  L'étrange univers du schizophrène 
Auteur : Sophie Chrizen
Nombre de pages : 160
Genre : Psychologie
Editeur : Les chemins du hasard


Résumé :

Sophie Chrizen est l'anagramme de schizophrénie. Qui soigne le mieux la maladie, est-ce réellement le psychiatre ? L'auteure se met en scène mais dresse également un portrait lucide et critique de la prise en charge des malades, évoquant ses vingt années de maladie, mais également son brillant parcours étudiante. À la fois roman et auto fiction, L'étrange univers du schizophrène embarque le lecteur de manière très romanesque dans un univers mal connu et pris en charge très partiellement, à grands coups de médicaments.

Mon avis :


Accepteriez-vous d'être constamment bourrés de médicaments sans savoir de quoi vous souffrez ? Sophie est malade, elle doit être soignée. Mais qu'elle est ce mal qui la ronge ? Pourquoi ne lui dit-on pas clairement de quoi elle souffre ? Pourquoi faut-il taire tout ceci ? 



"J'avais du mal à digérer qu'on soignât une anomalie que l'on ne nommait pas, par des poisons dont on ne connaissait pas grand chose."




Elle décide de consulter une psychiatre concernant ses phobies, peurs et psychoses. En effet, elle a souvent l'impression d'être suivie, ou encore d'être responsable de tous les drames qui arrivent dans le monde. Sophie n'arrive plus à distinguer ce qui est réel de ce qui ne l'ai pas, mettant parfois sa propre vie en danger à cause de cette peur constante qui lui bouffe le cerveau. Et puis ces petites voix qui font écho tout le temps ? Est-ce dans sa tête ? Sont-elles réelles ? Finalement, elle s'enferme petit à petit dans un mutisme et un silence total puisque même avoir une simple discution avec quelqu'un lui provoque d'atroces souffrances.


Je remercie chaleureusement Sophie, à qui je tire mon chapeau pour cette histoire qu'elle a traversé, puisque ici, sous le principe d'une auto-fiction, elle nous décrit ses années de galère face à cette maladie qui est encore très peu connue : la schizophrénie. Personne n'en parle, personne ne l'explique et ne la comprend. Les spécialistes tentent de mettre des mots sur des maux, de reconnaître des symptômes, puis n'arrivant finalement à rien, décident d’assommer les patients à coup de cachets et de séjours en hôpital psychiatrique.



Ce livre est bouleversant, quelque peu perturbant et dérangeant, mais il réveille également en moi une profonde colère contre ces spécialistes qui n'ont qu'un seul foutu mot à la bouche : Antidépresseurs, Antipsychotiques, Neuroleptiques. Des médocs, encore et toujours des médocs .. C'est vrai quoi !! Vous avez remarqué que dès qu'une personne fait une légère (ou moins légère) dépression, on la colle sous cachets ? Et puis pas un petit paracétamol, non, un gros truc bien lourd qui fait qu'elle passe ses journées totalement amorphe et ensuquée sans savoir vraiment qui elle est, où elle habite et ce qu'elle est censé faire ! Un peu de " Tienmax" par-ci, de "Jesperidone" par là. Puis la séance d'après on augmentera les doses, et puis surtout "Prenez bien vos cachets Sophie !". Comme s'ils lui disaient à la place "Surtout ne luttez pas hein, continuez de vous enfoncer profondément un peu plus chaque jour ! Grace à ces prescriptions et votre état, nous allons partir aux Seychelles en vacances cette année ! "


" Deux ans de consultations avec une unique réponse à n'importe laquelle de mes questions, la panacée universelle : les cachets ! "


Ce livre est très étrangement constitué, et pourtant, lorsque l'on y réfléchit bien, pas tant que ça. Nous avons Sophie Chrizen (anagramme de Schizophrénie) qui va voir la psychiatre Sophie, qui n'est autre qu'elle-même finalement. Nous plongeons alors dans cet enfer qu'est devenu son cerveau, entre une Sophie saine et une Sophie malade, et ce dédoublement de personnalité, qui finalement lui sauvera la vie. J'ai perdu pied, à de nombreuses reprises, puis j'ai réussi à sortir la tête de l'eau, mais jamais, je ne pourrais oublier un instant, le vécu et le ressentit de Sophie, face à cette maladie, dont on tait le nom et que l'on croit savoir traiter uniquement à coup de médicaments.



Non ce n'est pas une fiction, ni un roman, c'est simplement l'histoire d'une femme forte qui est sortie indemne de l'étrange univers du schizophrène, et ce, seulement grâce à elle-même ! Personne ne peut être plus à même de parler de cela que quelqu'un qui l'a déjà vécu.



" De toute façon, je ne comprenais pas pourquoi j'étais suivie par cette psychiatre. Rien que le terme " être suivie" me faisait peur. C'est flippant d'être suivie ! J'étais suivie et pourtant, dans mon rétroviseur, jamais je ne l'avais remarqué. C'était un suivi des plus discrets. Parfois, j'y croyais : un véhicule derrière moi, un passant qui empruntait la même route, me faisaient croire, que oui, j'étais suivie. Je me perdais pour essayer de les semer, et constatais au final qu'ils n'étaient pas après moi. "



"Aider tous ces gens, m'avais donné, une décennie durant, le prétexte d'oublier de prendre soin de moi et la paille dans leurs regards m'était plus facilement observable que la poutre qui obstruait mon objectivité sur moi-même."



Je ne noterai pas ce livre, car qui suis-je pour noter le combat d'un être humain face à la maladie ?! Si vous êtes curieux, alors je vous recommande de lire l'histoire de Sophie.


Interview de l'auteur :

Bonjour Sophie, j'ai pour habitude de poser toutes sortes de questions aux auteurs. Mais aujourd'hui, je n'en ai pas envie. Je préfère vous laisser le champ libre pour vous exprimer sur ce que vous désirez : votre livre, pourquoi l'avoir écrit, votre rôle de marraine auprès de personnes en souffrance, comment est votre avenir actuellement ou encore est-ce que vous prévoyez d'écrire un nouveau roman ? Quelques idées pour vous aiguiller, si besoin, sinon vous avez le champ libre. Je vous remercie pour m'avoir contacter et fait confiance et je vous souhaite une très belle continuation.



Chère virginie, je vous remercie pour cette chronique. Ce que je souhaitais avec mon livre c’est que des gens non impliqués comme vous puissent se rendre compte de ce qu’est vraiment la maladie psychique, jusqu'à éventuellement ressentir en profondeur à la lecture l’égarement, la rapidité et l’omniprésence des pensées désordonnées qu’ordonne la folie. Qu’ils puissent aussi entrapercevoir la profondeur des âmes puisque les schizophrènes sont dans l’obligation d’explorer les tréfonds de leur intériorité et de leur rapport aux autres et au monde, condition indispensable pour une rémission. Pour la forme j’espère y avoir mis assez de clarté, d’humour et de légèreté pour faciliter l’appréhension de notions complexes et pourtant universelles et rendre cet ouvrage accessible à tous.