jeudi 2 mars 2017

[ Chronique ] • Alors vous ne serez plus jamais triste • Baptiste Beaulieu


Titre : Alors vous ne serez plus jamais triste
Auteur : Baptiste Beaulieu
Edition : Fayard
Genre : Contemporain
Nombre de pages : 271

Résumé :


C’est l’histoire d’un médecin malheureux, qui ne se rappelle plus comment soigner depuis que sa femme est partie. Il a décidé de mettre fin à ses jours le soir même.
En se jetant dans un taxi pour régler quelques affaires à l’hôpital, il fait la connaissance de sa mystérieuse conductrice : une vieille dame excentrique capable de deviner quand les gens vont mourir, juste en les regardant dans les yeux. Pour convaincre le Docteur de revenir sur sa décision, elle exige sept jours durant lesquels il devra se soumettre à toutes ses fantaisies.
Le compte à rebours est lancé jusqu’à l’échéance finale. Qui gagnera du désespoir ou de la joie de vivre ? Que s’est-il passé dans la vie de cet homme pour qu’il en arrive là ? Qu’a vécu cette femme pour qu’elle prenne aussi violemment le parti de la vie et du bonheur ?
Avec une poésie joyeuse et une grande émotion, Baptiste Beaulieu imagine une merveilleuse rencontre entre deux êtres qui cherchent à réenchanter le monde.



Mon avis : 


Quelle merveilleuse histoire. Tragique, à la fois triste, drôle, belle et émouvante ...
Il s'agit d'un homme, un Docteur, qui depuis qu'il est veuf, a perdu le goût de la vie et ne se rappelle plus comment soigner. Un jour qu'il prend un taxi pour se rendre à l'hôpital afin de ranger de la paperasse, il tombe sur une vielle dame, Mamie-robe-de-soirée, comme il l'appelle, qui va lui faire cracher le morceau.
Il lui avouera alors qu'il a l'intention de se suicider le soir même. Après avoir discuté longuement avec elle, elle arrive à obtenir un délai. Voilà que notre docteur a pactisé avec le Diable, ou plutôt avec cette vieille folle qui dit s'appeler : Lady Sarah Madeline Titiana Elizabeth Van Kokelicöte. D'ailleurs, elle décide de renommer aussi le docteur, dorénavant, il s'appellera Théodore Arthur Mark. Mais finalement Mark tout court, c'est pas mal !! Pourquoi pas Teddy Bear ?! La vieille a tranché, il s'appellera Teddy Bear.
Au fil des jours, et avant le délai fatidique, elle s'occupe de lui faire changer d'avis sur son suicide et le met à l'épreuve en lui en faisant voir des vertes et des pas mûres... Notre Docteur va réellement se prêter au jeu, et une grande complicité va naître entre les deux protagonistes, mais cela sera-t-il suffisant pour dissuader le docteur de mettre fin à ses jours ? À vous de le découvrir...

Comme à chaque fois, je salue le grand travail de l'auteur et sa facilité déconcertante à traiter des sujets si durs et si tristes avec autant d'humour.
Merci Baptiste pour ce moment de plaisir.


Quelques extraits :

"Cette vieille sardine insista aussi pour lui tenir la main pendant que l'infirmière posait son cathéter.
- C'est inutile, je suis un grand garçon, je n'ai pas peur du sang, ironisa-t-il.
- Vous peut-être, mais moi oui ! Si quelqu'un se tranchait les veines devant nous, je fermerai les yeux et j'attendrais que ça sèche." 

" - Vous êtes folle.
Elle se caressa la tempe en riant.
- Cette affirmation n'est vraie que pour trois des quatre personnalités qui occupent mon crâne. La quatrième se demande si les pingouins ont des genoux. Allez, insista-t-elle, dites oui ! trente jours, vous, moi, la vie, les tartes au potiron, ce sera formidable ... "

" L'autre jour, j'ai relu son dossier personnel. Ca m'a donné une idée : avant d'être vieux, M. Coffre était militaire.
- Militaire ?
- Tu sais, le truc avec des uniformes, des capitaines, des trompettes, des talkies-walkies et des "Papa Ours à Maman Ours : le panda est dans le terrier, je répète : le panda est dans le terrier !". Le truc avec la guerre, et tout et tout. Il était militaire... Toute sa vie !"

" - Imaginez que vous vous trouviez devant Dieu, quelle question lui poseriez-vous ?
- J'imagine que je lui demanderais qui a vraiment tué Kennedy et pourquoi il nous sépare des gens que nous aimons.
Silence.
Dieu ne m'aime pas, pensa-t-il. De toute manière, Dieu n'aime personne.
- Et vous Sarah ?
Elle se pelotonna davantage au creux de son aisselle, indifférente à son odeur.
- Je lui demanderais où disparaissent les chaussettes dans la machines à laver. Comment il a réussi à se faire passer pour un homme aussi longtemps, alors que je sais bien, moi, que c'est une femme. Je la remercierais pour avoir inventé les biceps des Italiens, les cuisses des Allemands et le chou romanesco, qui sont les plus éclatantes démonstrations de son savoir-faire. Le romanesco ... soupira-t-elle. Ensuite, je me moquerais d'Elle à cause de la taupe au nez étoilé, un animal très laid que les scientifiques appellent Condylura Cristata, et qu'Elle a complètement ratée. Elle rira aussi parce qu'Elle a le sens de l'humour ... "

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