Titre : Ecoute-moi bien
Auteur : Nathalie Rykiel
Nombre de pages : 157
Genre : Biographie, Mémoires
Edition : Le livre de poche
" Il faut avoir une musique en soi pour faire danser le monde. La musique est là, Viens ma mère-veille ma légende mon enfant mon amour, viens maman, mets tes talons les plus hauts, tes chaussures les plus rouges, viens, on dansera maintenant ... "
Résumé :
« Je souris, j’y pense, tu te voyais peut-être l’héroïne de mon roman, le roman de ma vie…
En voici une version. C’est ton cadeau. Mais je n’ai pas dit mon dernier mot maman. On partage. Mon sujet ce n’est pas toi, c’est nous. Nous deux. »
Mon avis :
" Dis, moi non plus je ne sais pas, à combien de mois d'années d'heures de la mort sommes-nous maman ? Je voudrais savoir. De la vie, on sait. Mais de la mort - à combien de temps de la mort sommes-nous ? Que nous reste-t-il, que nous reste-t-il ensemble ? Ca fera mal, après. Je voudrais me préparer, me protéger, mettre quelque chose autour de nous, si je pouvais au moins mettre quelque chose autour de moi ... "
Un grand Monsieur que j’affectionne particulièrement a dit un jour qu'il n'y avait aucun chagrin qu'un livre ne puisse guérir, alors oui, je suis d'accord ! Parfois, on se retrouve un beau matin, en se posant un milliard de questions sur sa vie, ses projets professionnels, ses ambitions, ses envies de foutre le camp et changer de pays, puis on traîne sa nostalgie comme un boulet de canon tout au long de la journée... Et ce jour-là, j'ai traîne mon boulet jusque devant ma bibliothèque et j'ai attrapé le premier livre qui était susceptible de me faire envie parmi ma loooooongue liste de livres à lire.
Sans percuter dans un premier temps sur le nom de l'auteur, j'ai commencé à lire, sans m'arrêter, j'ai aimé ce que j'ai lu, tellement aimé. Cet amour d'une fille pour sa mère qui devient la propre mère de la sienne d'ailleurs, et puis j'ai compris ... J'ai compris qu'il s'agissait de Sonia Rykiel, créatrice Haute Couture, j'ai compris que dans la vie le hasard n'existait pas, et j'ai surtout compris que le choix de ce livre au pif, était la réponse à mes questions. Merci fabuleux "hasard".
Nathalie Rykiel se livre sur l’avant, le maintenant et l’après, sur les coulisses de leur relation, cette relation envahissante qui ne laisse pas beaucoup de place, pas beaucoup d’air. « Ma mère, c’était mon enfant, elle m’appelait maman ».
C'est un ode à l'amour, un amour puissant entre une fille et sa mère. Une mère battante et indépendante, une mère égoïste et pourtant si généreuse, qui a fait tourné la tête de plus d'un homme, une femme avant d'être mère, mais aussi l'histoire d'une femme que la maladie a emporté il y a deux ans. Une mère caractérielle qui n'en faisait qu'à sa tête. Une fille aimante, une fille qui devient mère et une mère qui devient fille. C'est l'histoire de la mode, l'histoire d'un couple mère-fille. L’histoire du lien très fort qui les unit et les sépare aussi. Elles s’appellent tous les jours, déjeunent ensemble, habitent dans le même immeuble, juste au-dessus l’une de l’autre. Jamais loin l'une de l'autre, jamais ...
" Je t’ai donné tout mon amour et j’ai pris tout le tien. "
La plume est simple, légère, sans encombre, pas de ponctuations inutiles, les mots sont posés là, tel quel, à l'état brut ..
On dévore avec amour, plaisir et curiosité la vie de cette femme, sans pour autant se sentir voyeuriste. J'ai aimé l'écho que ce livre a fait en moi, j'ai aimé la multitude de sentiments que j'ai ressentie, j'ai aimé la douceur et la tristesse qu'il dégage, j'ai aimé ce que j'ai lu, j'ai aimé ce qu'il m'a apporté ..
" Aujourd'hui, je ne suis qu'orpheline et je me sens veuve, encore pleine de toi. Il me manque aussi ce mot, ce mot qui fait défaut à notre langue, peut-être parce que cette douleur est au-delà de l'énonçable, celle d'une mère qui perd son enfant.
J'ai perdu ma mère ma moitié ma crème et ma frayeur , ma beauté et ma douleur. Avec toi j'ai vécu le plus beau, j'ai connu le plus dur. "
Le mot de la fin ? Utsuroï
Ma note : 17/20